| Harmonia axyridis, plus connue sous le nom de coccinelle asiatique est, tout comme nos coccinelles autochtones, un insecte de l'Ordre des Coléoptères, famille des coccinelles. Elle répond aussi parfois au doux nom de coccinelle de Chine et aussi coccinelle arlequin. Les anglais quant à eux la nomme : multicoloured asian ladybird, ce qui augure de sa grande variabilité de couleur, donc bien difficile à déterminer. Quelques autres noms communs que la langue anglaise lui attribue : Asian lady beetle, Asiatischer Marienkafer, halloween lady beetle, harlequin lady beetle, Japanese lady beetle, multivariate lady beetle, pumpkin lady beetle, southern lady beetle .. et pour les néerlandais : Veelkleurig Aziatisch lieveheersbeestje. Elle est d'origine asiatique, elle est indigène non seulement en Chine mais aussi au Japon, en Corée et une partie de la Russie, bref, elle est asiatique. Cette famille des Coccinellidae se caractérise par : - une petite taille ; - une forme presque hémisphérique (parfois oblongue) ; - des pattes courtes et rétractables ; - un tarse de 4 articles, le 3ème très court caché dans une échancrure du 2ème, grand et bilobé ; - des antennes renflées à leurs extrémités ; - des couleurs souvent vives ; - des individus pourvus de glandes à odeur propice à éloigner les importuns, les éventuels prédateurs. Cette famille des Coccinellidae compte environ 90 espèces rien qu'en France, dont une grande majorité est carnivore, ne se nourrissant presque exclusivement de pucerons et de cochenilles. Et c'est bien pour cette raison que la coccinelle asiatique a été étudiée et importée en France par l'Inra en 1982, pour son utilisation dans la lutte biologique contre les pucerons. Elle est bien plus prompte à croquer du puceron, à se multiplier et à résister à un environnement difficile que nos propres coccinelles locales. Et plutôt que de favoriser les souches locales plus difficiles à élever (donc plus chères) et surtout moins voraces, on a, comme toujours, privilégié l'économique et la rapidité sans trop se poser de questions. Et quelques années plus tard ce même organisme, sur son site, de se poser les questions essentielles : Comment la coccinelle asiatique est-elle arrivée en Europe ? Pourquoi pullule-t-elle en ce moment ? Quelles sont les routes de l'invasion ? Comment s'en débarrasser ? .. Le mal est fait, comme toute introduction de matière vivante non indigène, généralement, si elle résiste aux conditions locales et si en plus ce vivant a été sélectionné pour sa vivacité à croquer et se reproduire, immanquablement ce vivant prendra vite le dessus sur le vivant local, et, sans réel prédateur déclaré dans ce nouvel environnement, passera très vite au statut d'invasif ... Et pour se rassurer, on peut même imaginer que, naturellement, par les diverses échanges économiques et touristiques intercontinentaux, elle serait de toute façon venue nous visiter et nous aurait certainement envahie plus ou moins rapidement. Soit! Puisqu'elle est là, il va falloir s'y habituer. Comment la reconnaître ? Et c'est bien là son autre problème, elle se présente sous de bien diverses manières et l'on peut parfaitement les confondre avec les coccinelles locales. - Coccinelle asiatique, carte d'identité, comment la reconnaître : C'est une coccinelle de grande taille qui avoisine et peut dépasser les 8 mm de long pour un peu plus de 6 de large, le mâle restant plus petit que la femelle. Sa coloration varie du jaune pâle au rouge, ponctuée de noir, ou totalement à l'inverse noire à points rouges. Ce qui n'exclut pas non plus des individus totalement dépourvus de points, les maximums étant de 9 sur chaque élytre. Attention tout de même, quand on dit sans ponctuation, il faut prendre l'imago de quelques heures car, à l'émersion, ils sont tous sans ponctuation (voir les photos ci-contre d'une coccinelle à peine sortie de sa pupe, elle ne présente aucun point, ceux-ci apparaissent au fur et à mesure de son mûrissement, environ 3-4 heures). Quant au pronotum on peut recenser 3 grands types de décoration : - un dessin en pattes de chat : 1 tache centrale entourée de 4 taches en demi-cercle, toutes noires ; - en forme de M, noir sur fond blanc ( jonction des taches en une seule ) ; - ou un trapèze plein, noir sur fond blanc. Pronotum Harmonia axyridis | Pattes de chat | M | Trapèze | | | | Le développement complet de cette coccinelle, de la ponte des oeufs à l'imago, est d'environ 18/20 jours, mais cela peut être très variable en fonction des températures, quantité et qualité de l'alimentation aux différents stades de l'évolution des larves. Au printemps, après l'accouplement, la femelle dépose (colle) ses oeufs tout près d'une source de nourriture, le plus généralement au revers d'une feuille. La ponte compte environ 25 oeufs, ils sont ovales et mesurent 1,2 mm.. Ils sont tout d'abord jaune pâle puis foncent avec le temps. Les larves éclosent à environ 3 jours, leur mûrissement passe par 4 stades larvaires pour aboutir à la chrysalide qui se fixe au feuillage pour effectuer sa dernière mutation vers l'insecte parfait. La larve de la coccinelle asiatique est de détermination un peu plus simple que celle des adultes. Elles sont ornées de nombreux spicules, spicules à fourches doubles sur les côtés, triples sur le dos. De plus, chaque stade 1 à 4 du développement de cette larve présente ses codes de couleur : - 1 er stade : la larve est noirâtre ; - 2 ème et 3 ème stade : des taches rouge orangé apparaissent sur les côtés ; - 4 ème stade : les tâches rouge orangé prennent plus d'importance ; - Nourriture de la coccinelle asiatique : Cette coccinelle est un prédateur, une machine à croquer du puceron, mais pas seulement. Son assiette est plus riche : cochenilles, psocques, psylles, aleurodes, larves de mouches (diptères), de guêpes, de papillons, de Coléoptères, d'acariens et autres petites bêbêtes à corps mou et à sa taille. En fin de saison, quand les pucerons commencent à manquer, on a pu observer des coccinelles asiatiques se rassembler sur les fruits pour se nourrir des parties abîmées. Les larves fraîchement écloses vont rester "au nid" une bonne heure suivant l'émergence, le temps de laisser leur cuticule durcir. Et plutôt que de ne rien faire, elles vont commencer à manger la coquille et le contenu de leur propre oeuf et pourquoi pas, s'attaquer aux oeufs non encore éclos photo 3 et photo 4 Sa larve, aux différents stades de son développement, s'attaque aussi à toutes les espèces de pucerons, mais aussi d'un peu de nectar et de pollen. Mais en cas de pénurie, suite à de trop fortes concentrations de prédateurs, les larves d'Harmonia axyridis croquent volontiers les larves concurrentes des coccinelles locales voire les autres larves de la même famille. Une coccinelle adulte pourrait ainsi croquer plus de 200 pucerons par jour ! (à mon avis, elle ne finit pas tout! elle gaspille!). - Cohabitation entre l'homme et la (les) Coccinelle(s) : Et sa cohabitation avec l'homme n'est pas sans poser quelques problèmes. De plus en plus, ces dernières années, dans le Nord et l'Est de la France (pour l'instant) assiste-t-on à des rassemblements de milliers d'individus se regroupant pour chercher un refuge ou hiverner. En effet, la coccinelle passe l'hiver à l'état d'adulte. Certainement attirées par l'émission de phéromones de quelques précurseurs, elles se regroupent non loin de leur lieu de nourrissage, sur un plan bien ensoleillé (un mur de nos maisons par exemple), puis, par toutes les fentes trouvées, se réfugient à l'intérieur. Certaines de nos coccinelles locales en font de même, mais cela ne pose que peu de problème, et passe souvent inaperçu, vu le nombre très réduit des envahisseurs. Mis à part un pur problème de cohabitation, de partage du territoire avec ces petites bébêtes, cela ne pose aucun problème. La coccinelle asiatique, tout comme la coccinelle locale, pendant ces mois d'hiver ne se nourrit pas, ne se reproduit pas, reste inactive. Pas de soucis sanitaire donc, aucun problème tant que l'on reste dans une proportion raisonnable, mais comment réagir confronté à une invasion de dizaines de milliers d'individus ? Peut-être un futur objectif pour nos chercheurs qui ont étudiés et favorisés son introduction : trouver un répulsif (moyennant finances, bien évidemment). Tiens, j'oubliais, encore un petit détail de cohabitation avec Coccinella Asiatica : Un jour, un de mes collègues, sur la plage, s'est retrouvé "envahi" de quelques coccinelles. Notre ami donc se retrouve avec quelques sujets sur sa peau bien bronzée. Jusque là, pas grand chose d'extraordinaire quand, répondant à on ne sait quel ordre, les effrontées se mettent à le croquer ! Tu savais que la coccinelle pique ! me dit il. Bien sûr, je ne l'ai pas cru. Tu aurais du mettre un chapeau, c'est pas très prudent, on appelle cela un coup sur la tête.. Et bien c'est fait, maintenant je le crois ayant servi moi aussi de puceron à deux individus qui se sont attaqués à moi pendant ce petit reportage autour de cette bébête. Non la coccinelle ne pique pas, ni à la manière d'une abeille avec son dard, ni à la manière d'une punaise avec son rostre. La coccinelle vous croque de ses puissantes mandibules comme une vulgaire proie, un vulgaire puceron. Pourquoi ? Question à laquelle je ne saurais répondre. En tout cas, nos coccinelles locales (Coccinella localis) n'ont jamais eu cette réputation de mordre l'homme, du moins pas à ma connaissance. Comme tous les gamins, (enfin avant les consoles vidéos), on jouait avec les coccinelles, les bêtes à bon dieu sans leur faire de mal. Aucun souvenir de m'être fait mordre, ni moi, ni les autres. C'est d'ailleurs un des rares insectes à jouir d'une très bonne réputation, un insecte qui n'effraye et ne repousse personne. |